Un épisode de podcast sur les mythes et légendes de la région Auvergne Rhône-Alpes pour la nouvelle année !
J’avais envie de vous offrir un peu d’histoire et de rêverie. Alors on va dire que c‘est pour la nouvelle année! Au programme de cet épisode, je vais vous parler des mythes et légendes de la région. Un hors série reposant qui vous plaira je l’espère autant qu’à moi ! J’avais prévu de faire cet épisode en fin d’année et puis malheureusement mon podcast a été lancé un peu trop tard, et je ne pouvais pas produire d’émission plus vite que je ne le fais déjà.
Ce podcast je l’aime, c’est un peu comme ma maison et si aujourd’hui je vous raconte tout ça, c’est parce que le thème de cet épisode m’a été fortement inspiré par ma grand-mère. Elle n’est malheureusement plus là pour l’écouter à sa sortie, mais peut-être que de là où elle est, on lui donnera l’info que sa petite fille à pensé à elle.
Quand j’étais petite, pour m’endormir ou juste pour le plaisir, avec mes sœurs on allait rejoindre ma grand-mère dans sa chambre à la campagne. Et quand on lui demandait de nous raconter une histoire, elle ne se faisait jamais prier pour passer un peu de temps avec nous, entre les 3 petits cochons, le petit chaperon rouge et le grand méchant loup.
Elle nous racontait ces histoires avec passion et tout y était! L’intonation, les détails et l’ambiance. Elle changeait les voix pour chaque personnage, faisait les bruitages quand le petit chaperon rouge frappait à la porte de la maison par exemple. C’était tellement bien fait que l’on s’y croyait réellement et que l’on en redemandait. D’ailleurs, si l’une de mes sœurs écoute cet épisode, je suis sûr qu’elle s’en souviendra. Alors ma petite mémé, cet épisode est pour toi dans les étoiles.
Chaque régions et villages ont toujours ces petites histoires que l’on se raconte au coin du feu et qui nous font frissonner de peur ou de plaisir car l’on sait que l’on va passer un bon moment. Aujourd’hui je revêt ma cape de conteuse, qui connaît toutes les histoires, traditions et autres légendes des villages. Alors prenez un bon chocolat chaud, café, thé ou cappuccino, asseyez vous bien confortablement sous un plaid et c’est parti !
La fée Myrtille et le chamois: mythes et légendes de la Savoie
Il fut un temps où les fées des sommets avaient pris pour domicile un immense glacier perdu dans les Alpes, que seuls quelques initiés connaissaient. Un jour la petite fée Myrtille à la chevelure soyeuse, aux reflets violets d’un beau noir ébene, aux joues fraîches comme la rosée du matin et aux lèvres rebondis comme un bouton de rose, passait par là sur son petit nuage pour se rendre au consil des fées tenu par la reine.
En bas sur le glacier, se trouvait une mère chamois qui venait de mettre au monde un petit chevreau. Une fois sa tâche accomplie, fière d’elle et heureuse d’avoir un petit en bonne santé, elle monta sur un pic rocheux pour nourrir son petit. Les pattes fragiles et la démarche hésitante de son chevreau ne lui laissent que peu de liberté encore, pour se déplacer. Ses yeux encore fermés ne lui permettaient pas de bien s’orienter mais son instinct le dirigea tout de même vers sa mère pour se nourrir.
Malheureusement, du haut de son nuage, Myrtille découvrit avec stupeur l’ascension rapide de 2 chasseurs qui ont vu en la chèvre et son cabri, un trophée de choix pour leur sortie dominicale. La mère s’en fut vite aperçue et tenta de s’échapper mais malheureusement son petit était encore bien trop fragile et frêle pour la suivre. Alors elle tenta le tout pour le tout, et lui lècha son petit museau pour qu’il comprenne l’urgence de la situation, mais rien n’y faisait et les chasseurs continuaient inexorablement leur ascension.
La petite chèvre complètement désoeuvrée comprit qu’ils ne s’en sortiraient pas et ne put se résigner à quitter son petit chevreau condamné à une mort certaine ou à une domestication forcée dans le village ce qui n’est guère mieux. Myrtille, profondément touchée et compatissante à la vue de cette scène, descendit de son nuage et toucha de sa baguette, les yeux du petit pour qu’ils s’ouvrent et lui permettent d’avoir une vue perçante pour pouvoir s’échapper facilement.
Elle effleura ensuite de sa baguette les frêles pattes du cabri pour qu’elles deviennent agiles et robustes afin qui puisse suivre facilement et avec détermination sa mère. Les chasseurs à ce moment, se trouvaient dans un brouillard très épais qui ne permettait pas de voir à deux pas devant eux. Craignant pour leur sécurité, ils décidèrent de rebrousser chemin bien déçus.
Au même moment, la chèvre et son cabri d’un bon déterminé s’échappaient rapidement, bondissant de rocher en rocher pour s’échapper de ce mauvais pas. Myrtille, heureuse et soulagée d’avoir pu les aider se rendit compte qu’elle serait en retard au consil, ce qui est un acte grave pour une fée. Elle se dépêcha mais malheureusement la reine décida de ne pas lui faire de cadeau. Jalouse de la grande beauté de Myrtille, elle décide de lui faire subir un châtiment bien sévère !
“Je te condamne à errer au sommet de ce glacier sous les traits d’une vieille mendiante couverte de haillons, et ta baguette magique ne sera désormais qu’un mauvais bâton entre tes doigts noueux. Ton châtiment durera aussi longtemps qu’un être terrestre n’aura point pitié de toi”. Le glacier était complètement perdu et la reine comptait bien immobiliser la petite fée pour plusieurs décennies dans ce lieu mystérieux.
Mais elle se trompait… car c’était sans compter sur la courageuse petite chèvre et son petit qui passaient par là. Elle vit une masse sombre sur la neige qui ressemblait à un humain, elle s’approcha accompagnée de son petit avec beaucoup d’agilité et son instinct, bien plus rapide que celui d’un être humain, lui fit comprendre que cette vieille dame était la gentille fée qui les avait sauvé.
Elle lui lécha le front, pleine d’empathie et le sort de Myrtille fut brisé. La peau ridée et buriné par le temps fit place au teint de porcelaine et les doigts noueux aux doigts fuselés de la petite fée, qui tenait courageusement sa baguette capable de toutes les prouesses. Myrtille habillée maintenant d’un joli drapé de soie tissé d’or et de soleil était plus belle que jamais.
Rayonnante, la fée dit à la chevrette “Merci ! Sans toi, la pauvre Myrtille aurait dû rester éternellement errante dans ce glacier désert. En reconnaissance, j’accorde à toi et à toute ta race, à tous les chamois de ces montagnes, un privilège qui sera particulièrement agréable au cœur des mères. Dès que vos petits seront au monde, il vous suffira de leur lécher la face et les yeux, comme tu as eu toi-même, la touchante pensée d’agir envers moi, et aussitôt le regard des nouveau-nés deviendra 10 fois plus perçant que celui des chasseurs. Leurs jambes, renforcées, les emporteront à votre suite sur toutes les cimes. Ils passeront partout où vous aurez passé, et nul escarpement, nul précipice, si effrayants, soit-il, ne pourront arrêter dans leurs courses, la mère et son petit.”
Quand toutes les fées virent Myrtille de nouveau sur pied, elles vinrent lui décerner la couronne de reine en dépossédant ainsi la vilaine fée, jalouse de sa beauté. En guise de remerciement, la reine, Myrtille, fit pousser sur tous les sommets des Alpes, une plante portant son nom, la myrtille. Ses petits fruits savoureux, et ces quelques tendres bruns serviraient alors à nourrir les chamois environnants pour calmer leur faim l’hiver, en attendant les beaux jours.
Le village engloutis: mythes et légendes du lac d’Annecy
Il y a quelques millénaires, au temps où la région n’avait pas de nom et où les villes et routes actuelles étaient encore quelques maisonnettes éparses et Forêts denses, se trouvaient trois anges. Leur rôle était d’assurer la protection du territoire. Du haut de leurs nuages, ils veillaient à ce que les montagnes, vallées, torrents, rivières, bois et forêts se portent bien, et que les quelques âmes qui y habitaient, puissent vivre en toute quiétude.
Ces anges, amoureux et fascinés par la beauté du paysage, n’avaient que peu de travail. Alors, ils passaient le plus clair de leur temps à contempler les multiples facettes de nos jolis montagnes.
Malheureusement, un matin, la direction des anges a mis fin à ce beau rêve. La région bien trop paisible ne méritait pas tant d’attention et de protection. Ils eurent l’ordre de changer leur destination pour prêter main forte dans d’autres lieux moins paisibles. C’est donc avec le cœur lourd et avec une grande tristesse qu’ils prirent le chemin du Nord, pour veiller sur ses lointaines contrées. Bien mélancoliques, ils voulaient faire un dernier tour pour aller admirer ce joli panorama qui ne serait bientôt qu’un souvenir. Ils passaient ainsi au-dessus de chaque montagne, chaque vallées, chaque torrents, rivières, bois et forêts et laissèrent échapper une larme, qui descendit lentement vers le sol.
Portée par le vent, les trois larmes grossissent et se transformèrent en trombe d’eau lorsqu’elles touchèrent le sol. C’est là que le lac Léman, le lac d’Annecy et le lac du Bourget, virent le jour. C’est aussi quelques temps après la naissance d’un de ces lacs qu’une tragédie eu lieu. Si l’on s’approche suffisamment et que l’on prête l’oreille, on pourra entendre à l’endroit où les rives du lac d’Annecy se rapprochent, entre Duingt et Talloire, un clocher qui sonne le glas. Car autrefois, un village s’y trouvait.
Un soir de Noël, le froid s’était abattu sur la région. De gros flocons avaient recouvert d’un beau manteau blanc et cotonneux ce village près du lac. Quelques volutes de fumée sortaient ici et là des quelques maisonnettes, d’où s’échappaient des éclats de rires et des chants plein de joie. Chaque âmes réveillonnaient. Tous heureux de se retrouver en famille et bien repus de leur repas de fête. Jambon fumé au feu de genièvre, volaille dorée au feu de cheminée, matefaims, Bougnettes, Beaufort, tome des Bauges et rissoles faisaient partie de leur repas.
Mais non, loin de là, une vieille femme, au visage buriné par le froid et le soleil, aux pieds, gelés et endoloris par la neige, habillée de vieille guenilles d’un autre temps, se déplaçait péniblement avec un bâton noueux à la main sur l’épais tapis de neige. Affamée et épuisée à cause de sa longue marche sous ce temps peu clément, elle voulu demander l’hospitalité des villageois et espérait trouver un bon repas pour se réchauffer ainsi au coin du feu.
Elle se déplaçait péniblement, pas après pas dans la neige et frappa à la porte de la première maison du village. Personne ne l’entendit. Elle prit alors son bâton et tapa un peu plus fort sur la vieille porte en bois pour que la famille à l’intérieur puisse lui ouvrir. Les rires et les chants cessèrent aussitôt et la maîtresse de maison ouvrit la porte, se demandant qui pouvait bien leur rendre visite à une heure pareille le soir du réveillon.
Elle entrouvrit la porte pour ne pas que la chaleur s’échappe de l’antre. “Pitié, supplia la vieille femme, j’ai froid, j’ai faim, donnez-moi quelque chose de chaud s’il vous plaît.” La porte se referma aussitôt au nez de la vieille femme et l’hôte lui dit à travers la porte, “nous n’avons pas assez de place pour vous recevoir. Aller voir la maison d’à côté, leur maison est plus grande.”
La vieille femme se diriga alors vers la seconde maison, mais les habitants refusèrent de la même manière de lui ouvrir. Ne se décourageant pas. Elle décida alors de faire toutes les maisons du village. Je dis bien toutes les maisons car toutes ont refusé de la faire rentrer.
Le froid lui glaçait littéralement les os et son ventre resserré et bien vide après plusieurs jours de jeune forcé, gargouillait telle une lente agonie. Ça ne lui donnait que peu de force pour continuer une grande marche. C’est donc avec beaucoup de peine, qu’elle sortit du village et s’enfonça de nouveau vers la montagne. Au bout d’un moment, elle arrêta ses pas, et se retourna sur le village. Les quelques maisonnettes aux petites fenêtres éclairées dont la fumée s’échappait des cheminées, ne ressemblaient qu’à une tâche sombre qui contrastait sur l’épais manteau de neige.
“Bande d’égoïstes, lança la vieille femme avec beaucoup de colère, vous avez refusé l’hospitalité à une pauvre vieille femme qui mourait de faim un soir de Noël. Je vais vous faire payer votre dureté en vous infligeant une punition exemplaire.” Après avoir bien maudit tous les habitants du village, elle leva sa baguette magique. C’est alors qu’un grondement sourd fit place à la quiétude de la nuit et au chant de Noël, qui s’échappaient encore des maisons. Un large gouffre s’ouvrit sous le village qui disparut aussitôt.
Les eaux du lac, qui se trouvaient non loin, submergèrent alors le village. Plus aucun son ne s’échappait, plus personne ne chantait, ne riait ni ne profitait de ce délicieux moment en famille. Juste un Silence sourd et pesant, prit place pour accueillir maintenant les eaux du lac d’Annecy, au-delà de Duingt. Le lendemain matin, lorsque les rayons du soleil se posèrent de nouveau sur les rives du lac, Il n’y avait plus rien, juste les eaux cristallines du lac et le clocher engloutis qui sonna chaque 24 décembre comme pour rappeler sa triste histoire.
Mythes et légendes: Le châtiment de la lune
Et voilà enfin, une histoire un peu plus légère qui vous fera sourire au début mais ça ne durera pas.
Il était une fois dans un petit village, un homme très paresseux. Celui-ci ne voulait pas travailler et trouvait que c’était bien trop fatiguant à son goût. À chaque fois qu’il en avait besoin, il sortait la nuit pour aller faire ses emplettes chez les voisins. Il allait dans un champ pour déterrer quelques patates, prendre des haricots, navets ou autres topinambours. Il passait ensuite dans le poulailler du voisin pour aller prendre la poule la plus dodue, car c’était l’approche de Noël. Et enfin il finissait sa visite dans le clapier voisin où il prenait un lapin bien à son goût. Il rentrait chez lui, satisfait d’avoir fait ses courses à moindre frais, ce qui lui permettait d’avoir un bon repas de Noël à l’œil, au frais de ses gentils voisins.
Au village, tout le monde se doutait de sa culpabilité, mais personne ne pouvait le prouver et ses petits vols continuaient inlassablement de nuit en nuit. Les villageois en avaient vraiment marre de se faire voler, et ils décidèrent de monter un guet-apens à ce paresseux. Ils se sont donc tous retrouvés lors d’une réunion secrète afin de coincer le malheureux. Le principe était simple, chacun devait se poster dans un endroit prévu dans le village, et dès qu’il entendait des bruits suspects, les bruits du fameux voleur, il devait imiter le hululement du hibou. Tous les autres villageois devaient converger vers ce cri, et ils pourraient ensuite coincer le voleur.
La première nuit passe, la lune éclaire le village, ce qui permet d’avoir une assez bonne vue sur tout ce qu’il se passe. Le voleur n’ayant pas besoin de denrées en plus, il ne sortit pas. Passe ensuite, une deuxième, troisième, quatrième, cinquième nuit, et le voleur ne fut toujours pas attrapé. Les villageois commençaient vraiment à s’impatienter et étaient surtout bien fatigués de devoir veiller jusqu’au petit matin.
Mais la sixième nuit, le ciel était chargé et la nuit bien noire. On n’y voyait pas grand-chose, et c’est là que notre ami le voleur paresseux eut décidé de refaire ses petites emplettes. Couteau à la main pour couper les légumes et besace à l’épaule sont donc sortis pour qu’il puisse se servir tranquillement. Avec les mois de pratique, il avait acquis une certaine agilité et discrétion, assez pour passer inaperçu. Il va donc dans un premier champ, marche à Taton et déterre quelques pommes de terre qu’il met dans son sac. Étant bien discret, personne ne l’entend mais il éternue.
Alors le villageois qui était posté à côté, fit le cri de ralliement, le fameux ululement. Tous les villageois convergèrent vers ce cri, et le voleur sentant le vent tourner, la nuit étant assez noire, il se posta derrière un buisson. Ne voyant pas grand-chose, tous les villageois se sautaient un peu les uns sur les autres. Des coups de bâtons arrivaient ici et là mais le voleur n’y était pas.
Mais soudain le vent se leva et le ciel se dégagea ce qui permit à la lune d’éclairer aisément le village. Le maraudeur n’ayant pas bougé et se tint toujours dans son buisson. Il bougea légèrement et la lame du couteau brilla avec les rayons de la lumière de la lune. Les villageois qui se trouvaient à côté s’en sont rendu compte, et ils sont tous arrivés vers le voleur qui subit une nuée de coups dans les règles. Mais il resta fort et ne poussa aucun cri.
Une fois que les villageois en ont fini avec lui, il dit. “Maudit, soit cette pleine lune, sans laquelle vous ne m’auriez jamais trouvé !” Mais soudainement, l’atmosphère changea, à peine eut-il terminé de prononcer ces quelques mots que son corps s’élèva en direction de la lune et disparut rapidement dans le firmament.
Les villageois ont pu voir une silhouette d’un homme crucifié en forme de X sur la silhouette de la lune, et les plus pieux et superstitieux, firent le signe de croix avant de regagner rapidement leur maison de peur qu’il ne leur arrive la même chose. Et depuis, il se raconte que lorsque l’on voit la lune, on peut apercevoir des ombres qui sont en fait les empreintes du voleur qui expie ses péchés pour l’éternité, à cause de son écart de langage envers la lune.
Et voilà, cet épisode est terminé, merci pour vos nombreux retours sur Spotify. J’ai laissé une question dans les commentaires et j’ai tout lu ! Rendez-vous semaine prochaine pour la suite de Saveurs et découvertes ! Si cet épisode vous a plu, merci de me soutenir en vous abonnant sur votre plateforme préférée et en notant le podcast 5 étoiles.. À bientôt !